Le bastogne est un de mes biscuits préférés. Vous savez, ce genre de spéculoos, mais plus gros, plus craquant, et plus parfumé (selon moi). Bien sûr, si je l'aime tant, c'est qu'il me rappelle des choses. Les vacances d'été, les Landes, cette grande maison où il fait si bon vivre, la découverte du jardin, les araignées dans le grenier, les parties de ping-pong et de babyfoot, mon premier tour en scooter, la vue sur l'Adour et ses rares pêcheurs, les chats friands de chantilly, nos tournois de jeux de société, mon premier verre de jacqueline, les coups de soleil derrière les cuisses, E. qui rentre dans la salle de bain pour me montrer un bébé chauve-souris dans son éprouvette...
Les bastognes, c'étaient les biscuits préférés de E. Comme j'étais déjà une grande gourmande à l'époque, je n'ai pas pu résister quand elle m'a proposé d'en goûter. Après ça, les bastognes sont devenus un secret entre nous, un petit plaisir qu'on partageait toutes les deux. Avec le café, pour le goûter, lors d'une fringale tardive... Dans le placard en bois de la cuisine, au-dessus de l'évier, tout en haut, c'est là que se trouvait notre trésor. Bien sûr, un paquet ne suffisait pas lors de ces 2 ou 3 semaines passées ensemble, alors quand le placard était vide, il fallait se rendre en catimini dans l'arrière-cuisine voir si une maman avait fait le plein. En face du congélateur à viande, au milieu des bocaux de rillettes et de thon au citron faits maison, du foie gras du voisin, des tablettes de chocolat pour les délicieuses mousses de la maman de E., parfois, notre petit plaisir était là.
Cette tradition s'est un peu perdue au fil des années : E. n'est plus aussi souvent chez ses parents et puis, avec l'âge, on engloutit moins de petits gâteaux (enfin, je m'y remets...). Pourtant, bien des années après, j'ai trouvé un paquet de bastognes en ouvrant le placard. J'en ai proposé à E. et elle m'a tendu la main, un grand sourire aux lèvres et ce regard pétillant que je lui connais si bien. Oui, ça restera toujours notre petit secret.
Le bastogne, c'est un peu le grand frère du spéculoos. D'ailleurs, c'est en cherchant des bastognes (en vain) que je me suis rabattu un jour sur des spéculoos et que j'en ai goûtés pour la première fois. Même s'ils n'ont pas pour moi ce goût du souvenir, j'en ai toujours à la maison : je m'en sers dans pas mal de recettes, et j'adore en tremper un de temps en temps dans mon café. Je trouve que ça se marie à merveille. J'ai aussi découvert la pâte de spéculoos chez Dandoy à Bruxelles l'année dernière. Sur les crêpes et les tartines, ça change du Nutella, et ce petit goût de pommes caramélisées, miam... J'ai hésité à acheter une autre marque, mais même si ça ne vaut pas celle de chez Dandoy, pour la recette qui suit, c'est parfait.
Cake à la pâte de spéculoos (recette de Pause Gourmande en Provence)
3 œufs
80 g de sucre
150 g de farine
1 sachet de levure
80 ml d'huile
125 ml de lait
3 bonnes cuillères à soupe de pâte de spéculoos
1/2 c. à café de gingembre moulu
1/2 c. à café de cannelle en poudre
1/2 c. à café de mélange 4 épices
Préchauffez le four à 180°
Battez les œufs avec le sucre, puis ajoutez la farine et la levure.
Ajoutez ensuite l'huile, le lait, la pâte de spéculoos et les épices, mélangez bien, puis versez la préparation dans un moule à cake beurré. Faites cuire 30 à 40 min, suivant votre four.
PS : Après l'avoir dégusté, je le trouve un peu trop gras en mains. Je vous conseillerais donc de diminuer la quantité d'huile. Au goût par contre, il est moelleux et délicieux..